Itinéraire d'un enfant pas gâté.
En ces temps de lectures fastidieuses de motions et autres argumentaires, je dédicace ce post au camarade Romain avec qui j'ai partagé une lecture aussi sympathique que politique. Elle n'est jamais loin. En effet, difficile de ne pas imaginer qu'une vie française pourrait être la vie imaginée, voire la vie inavouée de Jean-Paul DUBOIS à travers le spectre original des différents septennats de la V° République et de ces différentes phases de notre histoire contemporaine. Régulièrement l'auteur zoome sur différents évènements à travers son héros pour montrer l'évolution du monde. Quelques clichés sans s'aventurer dans une analyse totalement sociologique. Le roman garde sa primeur pour raconter la vie de Paul BLICK dans un style tragi-comique purement envoûtant.
Juin 1958, le jour même où la France enterre la 4° usée, vieillie et fatiguée, le jeune Paul perd brutalement son frère. Vincent représentait pleinement ce grand frère protecteur. Désormais, il faudra faire l'effort de vivre, il faudra grandir sans lui. Les souvenirs du frère modèle deviennent omniprésents au milieu d'une famille où les parents paraissent effacés, détruits par la pire des expériences, celle de perdre son enfant en qui l'on avait fondé d'immenses espoirs.
Adolescence, université, mai 68, vie en communauté, et enfin vie professionnelle des plus originales (photographe spécialisé dans les arbres après avoir été journaliste sportif dans la boîte à beau papa), Paul BLICK traverse le temps dans une grande solitude qui passe au début pour de l'individualisme puis qui se transforme en une incompréhension totale avec la réalité.
Il personnifie parfaitement l'individualiste, parfois rebelle, qui sommeille en chacun d'entre nous. Une expérience qui n'est pas forcément agréable tant la chute devient inévitable.
Récompensé par le prix Femina en 2004 et du prix de FNAC, une vie française figure parmi les meilleurs romans français contemporains.
Extraits :
« Pour ma part je n'étais qu'un surgeon, un reliquat spermatique, un moment d'inattention divine, une erreur d'ovulation. »... « Charles de Gaulle, momie caractérielle vêtue de bandelettes kaki, affublée de son képi de gardien de square »... « Fourmis agitées, nous démenions pour trouver une place en ce monde. Les arbres ne devaient rien comprendre à notre espèce. Petits mammifères agressifs à la maigre espérance de vie, nous combattions sans cesse et tombions inexorablement à leurs pieds sans jamais prendre racine nulle part. »... « Je songeais à tous les miens. En cet instant de doute, au moment où tant de choses dépendaient de moi, ils ne m'étaient d'aucune aide, d'aucun réconfort... la vie n'était rien d'autre que ce filament illusoire qui nous reliait aux autres... »
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Une vie française de Jean-Paul DUBOIS, chez Points.